La particularité la plus étrange de l’étouffement, c’est qu’il peut avoir lieu alors même que l’on déguste un plat des plus délicieux. De fait, il est possible que nous soyons encore plus menacés par l’étouffement lorsque la gourmandise, qui nous pousserait donc à dévorer ce met délicat, intervient. De par la gourmandise, on cesserait de se concentrer sur la mastication pour laisser libre cours à la consommation, ce qui, rapidement, causerait le dépistage d’un morceau de nourriture qui, en route vers l’œsophage, aboutirait dans la trachée…
L’institution du musée ethnologique/musée du monde semble traverser une véritable crise d’étouffement. Les mets délicats acquis, ou plutôt cooptées, pour ainsi dire ingérées par la majorité de ces musées, semblent avoir été dépistés de la route vers l’œsophage et s’être coincés dans les voies respiratoires. Toutes ces choses y sont coincées depuis l’acquisition – le pillage – de ces objets. En somme, depuis l’impitoyable déracinement des biens culturels qui perdure jusqu’à nos jours dans les anciennes colonies hors d’Europe.
Un essai en 12 actes sur sur la préservation de la suprématie, le Musée Ethnologiques et les complexités du Forum Humboldt.
Euros 10,00
Bonaventure Soh Bejend Ndikung est un commissaire d’exposition, un critique d’art, un auteur et un biotechnologue né en 1977 à Yaoundé, au Cameroun. Il est le fondateur et directeur artistique de SAVVY Contemporary, à Berlin, ainsi que rédacteur en chef de SAVVY Journal, un périodique qui publie des écrits critiques liés à l’art contemporain en Afrique. Il a été professeur associé à l’Université de Muthesius, à Kiel, et est présentement professeur invité du département de « curatorial studies » à la Städelschule à Francfort. Il fut un des commissaire d’exposition pour la 14ème édition de documenta, ainsi que commissaire invité à la Biennale Dak’Art au Sénégal, en 2018. Au sein du collectif Miracle Workers, il participera à l’organisation du Pavillon Finlandais à la Biennale de Venise de 2019.